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Et Dieter engendra VampIRC

Et Dieter engendra VampIRC

En 1998, alors que l’Internet se développe peu à peu sur la France, que l’ADSL n’est encore qu’un vague projet, quelques pionniers, futurs joueurs en ligne, commencent à explorer les méandres de la Toile en quête d’un moyen d’assouvir et de partager leur passion : le Jeu de Rôle.

Dès 22h, alors que France Télécom leur accorde un tarif préférentiel du coût à la minute, ils occupent leurs soirées et leur ligne téléphonique, surfant à la vitesse faramineuse de 52ko à la seconde. Ils partent à la rencontre d’autres joueurs, au son strident du modem. Dans le même temps, certains mettent leurs compétences au service de cette même passion et conçoivent les havres qui sauront accueillir tous les passionnés.

C’est ainsi que Dieter engendra VampIRC sur RollingDice. Premier site francophone de jeu de rôle. C’est en ces lieux que des passionnés, venus de tout horizon, se rencontraient pour jouer à l’une des premières campagnes massivement multi-joueur de l’histoire du web sur le thème de Vampire la Mascarade. Le jeu reprenait les règles et l’univers du jeu de White Wolf, qui avait le vent en poupe sur l’Europe. Les joueurs y incarnaient des vampires vivant dans l’ombre de l’humanité, se nourrissant et manipulant le bétail, que nous sommes, dans une guerre d’influence. Le lieu choisit fut celui de Paris, même si Dieter était belge.

C’était un portail gratuit, permettant aux joueurs inscrits d’avoir un profil avec leur fiche de personnage et une messagerie interne pour échanger avec les autres joueurs et les maîtres du jeu. Car oui, il existait plusieurs bénévoles gérant les clans (vampires issus du même géniteur antédiluvien) et les scénarii en cours. Les scènes d’actions et de « roleplay » (les échanges entre joueurs pendant lesquels ils interprètent leur personnage) étaient aussi bien gérées par messagerie que via mIRC, un logiciel de discussion instantanée utilisant le protocole IRC, ancêtre de nos WhatsApp et autres Discord. La gestion des jets de dés, pour s’assurer de la réussite des actions, était un ingénieux petit script chargé sur le portail. Si tout cela peut paraître rudimentaire de nos jours, c’était une petite révolution pour l’époque.

 

Tout est en place, l’aventure peut commencer…

Ouvrons le Liber-Mundi

Ouvrons le Liber-Mundi

Il y a un mois, je vous annonçais la fermeture de Liber-Mundi.org, l’un des tous premiers portails francophones de jeux de rôles en ligne.
J’ai décidé de vous raconter cette formidable aventure que j’a vécu avec d’autres amis.

Dans les semaines à venir, je vous dévoilerai notre contribution à l’histoire du jeu de rôles en France. Ça peut paraître pompeux, dit comme ça, mais Liber-Mundi rassemblait jusqu’à 3 500 joueurs inscrits, en France, en Belgique et jusqu’au Québec.

A une époque où l’ADSL n’existait pas et où les internautes payaient les heures passés connectés en plus de leur forfait web, ce n’est pas anodin.

Alors, si ça vous intéresse, si vous avez, vous aussi, été un libermundien, commentez et abonnez-vous.

Le Livre des Mondes tourne la page

Le Livre des Mondes tourne la page

Venus d’un temps obscur, à l’aube des temps virtuels, bien avant la naissance des réseaux sociaux et des MMORPG, les Grands Anciens surgirent du Chaos de RollingDice. Ils vinrent de tous les horizons prêter Force, Sagesse et Sapience à Dieter, le Premier des Premiers.

De cette première rencontre naquit VampIRC d’où émergerait plus tard Liber-Mundi.

C’était il y a vingt ans., un groupe de rôlistes venus de France, de Belgique et du Québec se retrouvaient non loin du parc des Buttes-Chaumont pour faire naître un portail de jeu en ligne dans l’univers de Vampire la Mascarade. Quelques années plus tard, VampIRC devenait Liber-Mundi, ouvrant son portail à d’autres systèmes de jeux et donnant la possibilité à tous de créer sa propre campagne en ligne.

Ce soir, après vingt années, le Livre des Mondes s’est refermé et emporte avec lui, des centaines d’histoires et de rêves.
Je suis fier d’avoir fait parti de cette merveilleuse aventure. Elle m’a permis de trouver des amis géniaux et une femme formidable. Merci à tous ceux qui ont contribué au succès de Liber-Mundi et longue vie aux Jeux de Rôles.

American Die

American Die

N’oubliez pas le Songe n’a pas qu’un seul aspect. Il peut, en fonction de l’âge, du genre ou de l’état d’esprit, revêtir de nombreux visages. Ainsi, il vous faudra toujours tenir compte de vos Rêveurs et de leur sensibilité.

Il est un temps, dans la vie, où… ton corps change, ce n’est pas sale. Mais cela s’appelle l’adolescence et lorsque vous laissez des ados plusieurs heures à explorer leur imaginaire, le tout sans une saine présence féminine, cela peut parfois déraper.

C’était aussi une époque bercée par les clichés de l’Héroic-Fantasy avec Conan le destructeur, Taar le Rebelle et autre Musclor, héros beaux, grands, bodybuildés, à se faire pâmer les donzelles qu’ils extirpent (matin, midi et soir) des griffes des monstres qui ont le malheur de croiser leur épée. Héros entouré de princesses, loin de celles de Disney, au physique à faire baver n’importe quel mâle, belles et sculpturales, « habillées » de façon improbable (au point de se demander même comment ses « vêtements » tiennent sur elles). Leurs ennemis sont laids, pervers et monstrueux ! Sauf les reines maléfiques qu’ils affrontent parfois, qui sont d’une beauté renversante capable de damner les paladins d’un simple regard. Une vision qui semble éculée, mais qui à l’époque était portée par beaucoup de dessinateurs comme Ortiz, De La Fuente, Valejo ou Gimenez. Ajouter à cela, l’arrivée quelques années plus tard des mangas avec des monstres tentaculaires pervers et voilà de quoi, éveiller les hormones en plein bouleversement de jeunes ados.

C’est ainsi, que les clichés sont cultivés, que les joueurs mâles, privés de présences féminines, et honnêtement, ce n’est pas comme ça qu’ils pourront les convaincre de partager la passion du jeu de rôles,  se retrouvent à incarner eux-mêmes des héroïnes aux tenues légères. Et si ce n’est pas le cas, Donjons & Dragons y aura pensé en intégrant les Ceintures de Changement, qui maudissent le pauvre aventurier la passant autour de sa taille, lui faisant changer de genre.

Et vous ? L’adolescence et le jeu de rôles, vous en pensez quoi ? Vous avez des anecdotes ?

Grandeur et décadence

Grandeur et décadence

“Certains auront besoin de ressentir les choses, de les vivre. Alors, peut-être devrez vous aller au-delà, donner corps à votre Songe.”

Pourquoi s’arrêter à des Conventions ? Organisons un Grandeur Nature. L’idée était lancée… Mais la gestion d’une centaine de joueurs, répartis sur plusieurs hectares de forêt, livrés à eux-mêmes avec leur fiche de personnage et des figurants pour maîtriser un scénario complexe durant tout un week-end, c’est une autre histoire.

Photo de groupe de 1992

La première année en 1991, nous avons eu une soixantaine de joueurs, la seconde 80 et la troisième, nous avons eu 125 joueurs, pour une partie mémorable. Sur un scénario complexe, avec quatre camps répartis sur 60ha, avec un demi-douzaine de MJs volants et une dizaine de figurants, nous avons certainement eu l’un de nos plus beaux GN. J’ai le souvenir, de la surprise pyrotechnique organisée de nuit.

Le soleil était couché depuis une heure, lorsque les membres du camp principal regardèrent médusés le flanc de la colline de l’autre côté du vallon. À une ou deux lieues, à vol d’oiseau, se dessinait, en trait de feu, un pentacle impressionnant. En ce lieu s’était installé la Horde, une tribu de barbares prêts à fondre sur eux. Les prêtres du camp, recevant des messages divins, surent alors qu’un terrible rejeton des enfers venait d’être invoqué et que l’aube ne se lèverait pas sans que le sang n’est coulé.

Un souvenir qui a marqué nos joueurs, mais aussi le voisinage 😉 Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir prévenu via les journaux :

Les organisateurs allumeront des feux avec des kilomètres de bandes de tissus.

Le club de jeu de rôles du foyer rural de Bouxières-aux-Dames, investira les coteaux ce weekend. Les organisateurs ont 20 ans … et la passion. (Marie-Thérèse Colin – L’Est Républicain 06-05-1993)
Fièvre des derniers jours de préparation, clans les locaux du foyer rural de Bouxières-aux-Dames. Joël, 19 ans, Jean-Yves, 21, Philippe, 22, et Isabelle, 21 ans, découpent des kilomètres de bandes de tissu, qu’ils enduiront de vaseline pour faire des feux, et des bandeaux, signes de reconnaissance dans les camps.
Pour la troisième année consécutive, le club de jeu de rôles du foyer, qui a déjà cinq ans d’existence, organise un jeu de rôles grandeur nature.
Il attend 125 personnes, dûment inscrites, de 12 à 46 ans, venant de toute la région, et même de Poitiers, de Soisson, de Strasbourg, de Paris. Le plus grand jeu de rôles de l’Est de la France.
Un week-end de combats
Pendant deux jours, les samedi 8 et dimanche 9 mai, ces amateurs vont investir l’espace situé sur les coteaux de Lay-Saint-Christophe, dans la forêt, jusqu’à l’Etang vers Faulx: 4 km. Où se dérouleront les combats d’une aventure médiévale fantastique: « Un passé imaginaire, où il n ‘y a ni arme à feu, ni poudre, mais des épées, des haches, des poignards (en mousse).»
Des humains, mais aussi des elfes et des orques s’affronteront dans des combats épiques, où la part d’imagination n’aura de sublime que le respect d’une logique des personnages, inventés, comme l’histoire, par ce club de quelque vingt-cinq joueurs, passionnés de ces jeux de rôles inventés aux Etats-Unis par Gary Gigax, s’inspirant lui-même des œuvres de Tolkien. Le club du foyer rural de Bouxières-aux-Dames s’est créé il y a cinq ans, avec une poignée de ces gamins passionnés du jeu de rôles, autour d’une table.
Ils ont commencé à organiser leurs premiers jeux grandeur nature, il y a trois ans. Ils étaient 60 en 1991, 80 en 1992. 125 cette année.
Des personnages en nuances

Avec leurs costumes, on les croirait tout droit sortis du film « Les Visiteurs ».

C’est le club qui a mis au point l’histoire, le cadre, l’époque, et élaboré les personnages. Les inscrits ont reçu des questionnaires, où ils décrivent le héros, ou l’antihéros, qu’ils souhaitent incarner. On leur a donné un nom (Prior Attanck, Ralph Yeux Noirs). Philippe leur a envoyé en retour une « histoire personnelle ». Prior est par exemple un marchand. Philippe décrit sa personnalité, ses défis, ses enjeux, ses ennemis, ses amis, ses objectifs, son caractère. « Ni les bons d’un côté, ni les méchants de l’autre. Mais des personnages tout en nuances» expliquent les jeunes organisateurs, qui sont à la fois responsables du scénario, de l’immense scène forestière où se déroule action, jour et nuit, et de l ‘intendance. « Chez nous, les (trois repas sont appréciés» souligne Isabelle. « C’est le moment où l’on redevient un peu soi-même, où l’on se rencontre. La nourriture, c’est important. Quand on sent griller les cochons de lait à la broche hum!»
La communication organisée
« C’est le seul jeu qui permet à des jeunes de rêver en groupe, avec une règle, une discipline, et une création commente Joël. « Ca nous apprend à communiquer, à improviser, à entrer en relation avec d’autres, à nous organiser » reconnaissent Jean Yves, Philippe, et Isabelle.
Si vous rencontrez ces étranges chevaliers en costume et en armes dans les bois de Bouxières ce week-end, ne soyez pas surpris. Ils ne vous verront pas. Ne craignez rien. Vous faites partie du décor. Une autre manière de jouer un rôle…

C’était encore l’âge d’or du jeu de rôle. Un temps de sérénité, où l’on pouvait s’adonner à notre passion, sans se justifier. Cela n’allait pas durer, mais c’est une autre histoire…

Après cinq grandeur nature organisés, plusieurs participations à d’autres, notamment chez nos amis vosgiens Les Maîtres de la Table Rôle, une page se tourne.

Et vous ? Avez-vous déjà joué ou carrément organisé un jeu de rôles grandeur nature ?